Vendredi 5 septembre 2008...

Mon périple "Rassemblement" commence le vendredi matin de Ouistréham. Après 2h de route, j'arrive aux port des Bas Sablons, et pars rejoindre "Virus", qui est déjà à quai, l'ayant laissé une semaine auparavant après une navigation mémorable en compagnie de Laurent (« Manava ») aux îles Chausey. Je fais rapidement la rencontre de Florence et Thomas ("Pilpouz") arrivés d'Arcachon quelque jours plus tôt, Yannick ("Elinoa") et son équipier Bertrand arrivés la veille de Binic (35 milles...respect !) et Alain ("Gibolin") malheureux, bloqué au ponton depuis 3-4 jours cause mauvais temps...  D'ailleurs, ce vendredi n'était pas forcément meilleur : alternance de petites rafales, pluies fines bretonnes et diluviennes type amazoniennes !

Je pose mes quelques affaires sur Virus, puis nous nous rassemblons tous les 6, dans le cockpit de "Pilpouz", LE First 18 "au long cours"; nous sommes tous ébahis par les aménagements et l'équipement de la cabine : la banquette arrière tribord est surmontée d'une large tablette avec bassine ainsi qu'un gros réchaud monté sur cardan. Le détail qui tue : le petit rideau de séparation de la pointe avant. Pourquoi nous l'avons surnommé "au long cours" ? car Pilpouz est allé mouiller sa coque dans les lacs de Suède, dans les calanques marseillaises, alors que son port d'attache est le bassin d'Arcachon : le vrai First 18 baroudeur. Bon, je m'arrêtes là car Flo et Thomas m'ont promis un descriptif complet des aménagements de Pilpouz et de leur périple en Suède !

Protégés de la pluie sous une bâche plastique et sous mon ex-rideau de douche dont je me sert normalement comme taud de soleil, nous prenons tous les 6 l'apéro et avalons le poulet roti - pates. Du ponton, nous devions avoir fière allure entre les voiliers de 12 mètres à côté  ! Gités sur l'arrière de "Pilpouz", sous un abri -un brin comique- et légèrement entassés ... mais déjà nous nous sentions très heureux d'être là tous ensemble !!!!   Laurent ("Manava") nous rejoint rapidement ... dans le cockpit évidemment ! Ce fut d'ailleurs je crois le record du week-end :  7 adultes .

Ce fut pour moi, les premiers échanges "bla-bla" : j'ai bricolé ci, j'ai raté ça, j'en suis content, je suis déçu...bref des trucs in-racontables ici, mais ce qui a fait la richesse de ce rassemblement... car ce qui m'a frappé c'est la même simplicité, la même approche de ces équipages. Les suivants et les "piétons" venus nous rejoindre aux resto ont été aussi agréables et riches à écouter... Je commence à réaliser un peu la portée du blog... une communauté de gens "biens"; j'en retire maintenant une certaine satisfaction, je dois vous l'avouer. Car forcément, avant cette aventure, on a toujours une petite appréhension ... même si à travers les commentaires et articles déposés on devine un peu qu'on est tous sur la même longueur d'onde...

Après-midi, courses pour les uns, dématage pour moi : installation de la girouette et pose d'une poulie en tête de mat pour ma drisse de Code 0 -fraîchement terminé- ! Mais tout ça ne va pas être d'une grande utilité ce week end, vu le vent, on voit bien d'où ça souffle et le code 0 va rester sage dans son sac !

Mes équipiers arrivent vers 18h , Christophe et Damien, co-propriétaires de "Fido", sur le Golfe du Morbihan. Nous allons faire rapidement nos courses de notre côté. Je profite de ce court trajet en voiture pour découvrir les deux belles voiles que Damien a réalisé à 4h, un matin de la semaine précédent le rassemblement : un spi léger en 0.5oz collé et un foc inter en tissu composite ! ouah la grande classe !!!!

Nous rejoignons finalement la troupe qui commence à se rassembler au Bar l'Escale, où la gérante nous regarde d'un oeil attendri... Elle a fait partie des premiers de la grande troupe des Muscadets... et leur flotte a commencé comme la nôtre... Nous allons être rejoint par Jean-Jacques et Patricia ("Nordet") de St Cast le Guildo, qui selon la météo nous rejoindront le lendemain ou non, et Daniel ("Luga") de Port Manec'h dans le Finistère Sud, qui aura fait le déplacement pour nous voir et sera notre photographe à terre !

Nous quittons après d'éternelles discussions le bistrot vers 21-22h, retour aux bateaux pour un petit dîner rapide et nous ne tardons pas à tous nous coucher pour être frais et dispo le lendemain ! Jérémy avec ses enfants ("Antioche") rejoindront dans la nuit, leur First 18 laissé au ponton quelques semaines avant.

 Samedi 6 septembre 2008...

Après une nuit particulièrement agitée, les bateaux ayant été chahutés par les vagues et les pontons qui grincent, nous nous réveillons tous vers 8-9h. Erwan et Aurélie ("Gwen Ha Du") nous rejoignent; ils vont embarquer sur "Manava" avec Laurent. Elinoa récupère un troisième équipier : Hubert de Dinan; ils vont former la team "Orange", chère aux blagues d'Alain (Gibolin). Nous allons tous voir la météo du matin... annonce de 5 à 6 beaufort sur zone, creux de 1m à 1,5m orienté sud-est, mollissant dans le courant de l'après midi. Pas facile de prendre une décision. Notre navigation étant 'relativement' protégée, nous prenons la décision de sortir . Le parcours est très côtier : on va piquer sur Dinard, St Lunaire, St Briac, etc... et le vent va être atténué par la côte.On se prépare-déjeune tranquillement...

Pilpouz se prépare...

Alain, envie de dormir ????

Manava sans son skipper ???

Et non, il va se faire offrir le café sur Virus !!!

Sur Antioche, les petits mousses se préparent !

C'est cool sur Elinoa !!!

Dernier briefing!

Les 6 bateaux vont finir par sortir du port vers les 10h30, hissent leur GV et foc et partent en direction de la passe de Dinard.

Virus et Elinoa...

puis Gibolin...

Manava était déjà parti! 

Virus, Elinoa et Manava devant...

Antioche sort...

Suivi de Pilpouz...

Les 6 bateaux sur l'eau...

"Antioche" avec ses 5 équipiers préfère rentrer, il est vrai qu'avec des enfants, la navigation sera trop éprouvante. Sage décision.

Nous naviguons donc à 5 bateaux : Elinoa, Gibolin, Manava, Pilpouz, et Virus. La route se fait au près-petit largue dans une ambiance assez humide...

Virus, Elinoa et Gibolin (pris de Manava)

Petite gite sur Manava

Les mêmes ...

Sur Virus, on étrennons avec grand bonheur le foc inter en kevlar de Damien : -un- la coupe est belle et -deux- la taille un peu plus grande que mon actuel foc est vraiment très intéressante (j'hésite toujours à hisser mon foc, car la perte de toile est trop importante après le génois). Un peu tarés, on garde un ris, mais ça tient ... quelques départs au lof... mais avec en permanence deux personnes au rappel, pas de soucis (sauf que ça finit par faire mal aux jambes!)

Elinoa et Manava suivent bien avec 2 ris et foc, équipage dans le cockpit. Pilpouz, plus sage avec ses 2 ris et tourmentin, nous suit un peu plus au loin, mais sûrement. Alain ("Gibolin") décide de rentrer au port, 2ème sage décision : sa femme Sylvie faisait son baptème de mer...

Lorsque nous arrivons au large de l'îlet Agot et les Hébihens, le vent se met à fraîchir; la côte ne nous protège plus comme avant, et le vent a le temps de mieux s'établir; nous devons maintenant tirer des bords dans le goulet formé par les deux pointes. Sur Virus, nous avons à ce moment là une (bonne) avance et les départs au lof sont un peu plus fréquents qu'avant. Christophe à la barre, à réussi à remplir la baignoire à l'arrière à ¾ de sa hauteur... j'avais jamais vu ça.... vraiment un super bateau ce First 18... car évacué super rapidement et nous n'avons jamais eu peur.

Christophe et moi, visiblement heureux !

Nous nous retournons régulièrement pour voir les autres et là grosse cata... nous en voyons un sans mât... virement express... on file à toute vitesse grand largue pour aller les rejoindre. Manava est déjà à coté d'eux puis s'éloigne... Lorsqu'on arrive, les 3 compères sont à bords très souriants; le mât, la bôme et les voiles solidement amarré sur le pont. En fait, c'est la ferrure d'étai en zamack qui a lâché. Les chocs répétés de l'axe ont donc eu raison de la pièce. Aucun autre dégât sur le bateau, ni chez les équipiers, et ils filent au moteur vers les Hébihens... ils ont de la chance, à plein de titres, mais d'un côté cela aurait lâché un jour ou l'autre, dans des conditions similaires... c'est finalement mieux que ça arrive 3 autres bateaux autour de soi ...

Elinoa sans mât, Yannick, Bertrand et Hubert sans égratignures...

On a failli voir la quille !

Nous reprenons notre route, et sur Virus cela devient de plus en plus difficile, nous n'avons pas réduit la toile, mais on s'est posé régulièrement la question... le temps de réduire nous aurions perdu tous nos efforts... nous continuons donc avec le foc inter et un ris. On trempe le liston de temps en temps dans l'eau, mais on file finalement pas si mal que ça. Les virements de bords deviennent plus fréquents...

Manava, dont la toile est bien plus adaptée que nous, passe devant logiquement. Elinoa est déjà arrivé (au moteur forcément) aux Hébihens. Sur le dernier bord, Virus craque... on met le moteur pour éviter de se refaire bastonner sur deux autres bords. Manava, très classe, finit à la voile... Nous arrivons au mouillage quasi en même temps... nous perdons nos deux gaffes... d'ailleurs vu les bouées, ça serait pas étonnant qu'il y ait maintenant une plantation dans les rochers derrières...

Pilpouz arrive "doucement mais sagement" avec ses deux ris et tourmentin, 15 minutes plus tard. Au final, nous n'auront pas mis longtemps. L'équipage d'Antioche est allé pique-niquer en face de nous et a dû rigoler en nous regardant...

Nous mangeons au mouillage, un peu chahuté entre deux grains, Pilpouz tente un mouillage abrité mais sans succès. Sur le 16, nous apprenons qu'un BMS a été lancé valable jusqu'à 15hUTC, soit 17h... zut.... Nous nous rassemblons donc autour d'Elinoa : Pilpouz à son tribord, Virus à son bâbord et Manava en annexe... et une tournée de café pour tout le monde !  Nous apprenons entre temps qu'Elinoa a perdu au mouillage l'embout de bôme qui va dans le vis de mulet. Et à ce moment là... on voit arriver un véliplanchiste au planning.... c'est Jean François, propriétaire de "Carena", qui n'a pas pu nous rejoindre de Granville et qui est venu dans le coin "au cas où" ! Avec un masque et tuba Jean-François tente quelques plongées pour retrouver la pièce d'Elinoa mais sans succès...

Elinoa nous attendait depuis un moment...

Devant Manava... le temps n'est vraiment pas sympa...

Manava encore...

Pilpouz, manoeuvré par Thomas avec une aisance et une précision assez enviable ...

Une petite vue des Hébihens lors d'une acalmie... la plantation de gaffes est juste derrière ...

Sur Virus, nous partons (sous 2 ris et avec mon petit foc...) faire quelques bords autour de deux vieux gréements mouillés à côté de nous... Manava nous rejoint et nous informe qu'Elinoa et Pilpouz décident de rester à la descendante pour retrouver la pièce. Nous filons donc à deux bateaux sur St Malo... L'allure plus abattue que ce matin est appréciable. Manava est en ciseaux bien stabilisé (avec une poulie fixée sur le rail de fargues). Virus a plus de difficultés... Damien a été désigné par les deux compères comme tangon ! Au bout de quelques minutes, je propose qu'on sorte l'assy pour se faire un peu plaisir... cela va nous faire faire une route plus longue , en passant par le chenal du Grand Jardin... mais perso je préfère, je n'aime pas passer à la descendante sur le banc de sable de Dinard à fond les ballons en vent arrière... Après deux longs bords biens sympa, "Etoile de France", le vieux gréement revient vers nous... et nous entrons dans le chenal. Il est temps pour nous de ranger la bulle et réhisser le foc, car la houle générée par les hauts fonds nous font faire des départs au lof... Nous sommes au coude à coude avec le vieux gréement... et nous finissons par le dépasser .... trop fort le First 18 !!!

Christope et Damien (propriétaires de Fido)

"Etoile de France", définitivement grillée par Virus dans le chenal principal de St Malo (l'île de Cezembre à droite)

Nous regardons au loin des bateaux vers la côte mais nous ne voyons aucun petit bateau... peu de temps après, une vedette de la SNSM sort ...ralenti à côté de nous... un coup de corne de brûme et repart plein gaz.... grosse inquiétude sur Virus...on faisait pas les fiers tous les 3... la vedette prends le chenal et part tribord...ouf... En arrivant, dans l'espoir de voir au loin Pilpouz et Elinoa, nous longeons Dinard et allons zigzaguer au pied de la tour Solidor et du "Renard", réplique d'un vieux navire militaire... Retour vers le port des bas sablons et nous voyons au loin deux silhouettes qui pourraient être nos petits bateaux... et nous passons le seuil...il doit être dans les 18h je pense.

Grosse surprise : Elinoa, et Pilpouz sont déjà là ! Manava est là aussi, mais là c'était plus logique... En fait, ils n'ont pas du tout attendu la descendente et sont partis quelques minutes plus tard en suivant la trace directe de Manava... Sur le banc de sable de Dinard, Elinoa avouera n'avoir qu'une vingtaine de cm sous sa quille ... Bon évidemment on se fait très largement chambrer, mais je préfère encore ça ...

Puis apéro tous ensemble sur le ponton, et douches pour les plus salés d'entre nous... Daniel("Luga"), Jean Jacques ("Nordet"), Jean François ("Caréna") et leurs équipiers sont là avec nous en piétons... et nous racontent leurs points de vue ! Une chose fait l'unanimité à 100% : nous avons un bateau VRAIMENT TRES MARIN !!!!! Nous finissons tous au resto du port pour un repas bien mérité, et dans une super ambiance. Là aussi, impossible de raconter tous nos échanges...

Un petit kir...

Jérémy nous raconte sa rénovation de quille...

Aurélie et Erwan... grande classe !

Après le resto, on refait le monde tranquille au ti-punch sur mon petit Virus, les braves retournant se coucher au fur et à mesure... La soirée se termine donc vers 1h30 avec Jérémy et Thomas qui me filent un coup de main pour glisser Virus entre deux gros bateaux et ainsi me protéger de la houle pour la nuit...

Dimanche 7 septembre 2008...

Réveil... la nuit a encore été bien agitée au port... Le voilier anglais à côté de moi se réveille également et parait surpris de voir un si petit bateau à côté de lui, arrivé dans la nuit !!! Nous filons à la météo... pas d'évolutions... c'est la même chose qu'hier : 6B avec une houle encore plus importante... on va donc rester à quai !

Un first 18 qui se faufille incidieusement entre les bateaux ? normal c'est un Virus  !

On en profite pour comparer les différentes voiles d'avant en les superposant. Le foc inter de Fido est vraiment intéressant, il y a bien 1,5m² en plus que mon foc. Je croyais qu'il n'y avait que génois, foc, tourmentin; mais Damien a sur les plans de voilure d'origine : génois, foc inter, petit foc et tourmentin. On compare après mon tourmentin que je dépoussière de son sac (acheté par le précédent proprio chez AD) et celui de Pilpouz... j'ai le bon guindant, mais 1 m² en trop, avec le -pire- recouvrement sur le mât...

Damien, tu n'aurais pas débordé du trait quand tu l'as taillé ton joli foc kevlar ???

Dans le même temps, Yannick et ses équipiers, sont en train de bricoler un embout de bôme pour faire le chemin retour. Elinoa ayant été d'ailleurs remâté la veille sans difficultés, le deuxième point d'ancrage d'étai étant encore fonctionnel.

Bonne idée la perçeuse sans fil...

Deux couches de CP, fixés au mastic bicomposant durcissant et hop ça repart !

On termine la matinée avec le devoir de partir, sans en avoir l'envie...

Laurent, Alain et Florence...

mes équipiers finalement nous quittent avant midi, tandis qu'on prépare tous les dématages... Elinoa prends son départ en direction de Binic avec un fort vent de face . Antioche quant à lui, démâte à quai et sort de la cale en premier.

La fameuse potence du panneau solaire qui sert aussi de maintien de mât....

Elinoa à la sortie des Bas -Sablons

Personne  n'est tombé à la flotte, mais Alain a bien failli nous faire rire ... tu croyais qu'on t'avait pas vu ??? Heureusement que Syvlie veille sur toi !

Nous prendrons la suite, après un déjeuner frugal sur Virus, avec les équipiers restant. Nous verrons apparaître l'équipage d'Elinoa, qui a finalement préféré revenir sur St Malo, tellement la nav allait être éprouvante. Virus prendra la suite de la cale de mise à l'eau, une à deux heures plus tard. Je tente de ne pas immerger les moyeux, mais la remontée au treuil est toujours galère... pas fini de me faire ch... avec ma remorque! Alain("Gibolin") prends la suite mais en version immersion totale et remonte fièrement avec sa clio le plus bateau de la flottille...

Dématage à terre pour Virus et Gibolin, et préparation de remorquage, le tout en moins de 20 minutes. Nous sommes donc prêts à partir... 

Nous saluons les derniers compères, et nous partons... en se jurant de se revoir l'année prochaine...

Merci aux photographes (Daniel, Damien et Laurent)