Article passionnant raconté par Francis, propriétaire de "Ar Penn Kentañ", First 18 QP

Nous avons acheté notre First 18 QR en juillet 2002 pour faire du cabotage et de la promenade à la journée. Le bateau, très bien entretenu et ayant peu navigué ne m’a donné aucun soucis quant à sa remise en état : quelques taquets et drisses à changer, un moteur à réviser entièrement, un peu de gelcoat et c’est à peu près tout… jusqu’à sa première navigation !
La mise à l’eau à partir de la remorque d’origine se passe sans problème sur la cale du « pont de la corde » (29).
Nous partons donc toutes voiles hautes avec un couple d’amis et Zoom, notre annexe amarrée derrière le First.
Après quelques bords tirés dans le chenal en direction de Carantec, malgré la méconnaissance de ce nouvel attelage, nous nous apercevons que quelque chose cloche.
Deux manques à virer et des cailloux évités de justesse nous obligent à réviser notre plan de navigation.
Nous nous échouons donc volontairement tout près d’un chantier naval proche. Demain, il fera jour !
Le lendemain, nous comprenons assez vite que le système de relevage est déficient. La quille ne descend pas !
Elle reste bloquée au quart de sa course. La rouille accumulée a fait gonfler la fonte de la quille, venant se bloquer sur les patins du puit de dérive.
Une sortie de l’eau par le chantier nous donnera raison quelques heures plus tard. Une remise en état provisoire nous confirmera que la quille a besoin d’un entretien plus que sommaire, car le point d’ancrage de la vis sans fin est attaquée sérieusement.
Moralité: comme le dit sournoisement le constructeur : « La quille remontée de plus de la moitié, n’apporte rien de plus sous voile ». Et oui, en l’occurrence, on se retrouve avec un rail à la place de la quille qui nous empêche de virer: CQFD.
Notons que le Zodiac qui fait ventouse derrière n’arrange rien à nos affaires.
Préparation du chantier :
Pour accéder au point d’ancrage, il faut pouvoir déployer la quille dans sa totalité.
Ne disposant pas d’un berre, il faut poser le bateau en douceur sur des madriers, lesquels sont supportés par 4 bidons d’huile de 200l.
Le Manitou est une solution, quand on à la chance de connaître un agriculteur sympa (merci Patrick).
Une solution moins coûteuse, mais plus longue, consiste à lever le bateau avec la remorque avec deux crics hydrauliques, puis à placer les madriers de part et d’autre de la quille sur des parpaings, puis de redescendre la remorque.Les parpaings doivent être disposés à l’extérieur du passage des roues.
Il reste à démonter les bras avant de la remorque et éventuellement les bras à rouleaux arrière pour glisser la remorque sous l’échafaudage.
Cela permet de réviser aussi la remorque.
Sur cette photo, on voit bien la ligne de partage entre l’antifouling et l’anti-rouille qui a été passé lors de l’intervention du chantier.
La quille étant complètement descendue, on peut accéder au point d’ancrage et découvrir les dégâts.
Plutôt que de recharger la fonte autour du trou (complexe et cher), j’ai plutôt opté pour un renforcement de l’ancrage à l’aide d’un U en inox de 3mm.
Ce U reprend la fixation d’origine et vient se fixer un peu plus bas par des boulons en inox. On voit le futur emplacement du U, repéré sur la quille (photo du dessus).
Une opération fastidieuse mais pas très délicate est de percer la quille (ça va) et le U (ça se corse !) : Huile de coupe et boîte(s) de forêts obligatoires.
On voit sur les photos ci-contre la fixation du U sur le point d’ancrage et sur la quille.
L’axe a été assuré en perçant les écrous et la tige filetée, puis en y glissant des anneaux brisés en inox.
Ca n’a pas bougé depuis 2002.
Je n’ai pas essayé de démonter la quille, pour voir l’axe de rotation, les 180 kg de lest ont refroidi quelque peu mes ardeurs !
Un des points noirs du First à mon sens, c’est le système relevage pour deux raisons :
1) La butée Inox sur Inox sans bille, ça coince, c’est dur.
2) En cas de tossage, les vis de fixation du système s’arrachent, abîmant le gelcoat du puit de dérive.
Yaka pas tosser me dit l’autre ! facile à dire, mais quand on fait du rase-cailloux, un jour ou l’autre il faut s’y attendre.
A gauche, vue du système dans son jus quand j’ai acheté le bateau.
Et l’autre point noir ? Le safran relevable, mais on reparlera plus tard.
La solution de fortune, appliquée sur place, a été de remplacer le système de butée Inox par une butée d’embrayage de voiture trouvée à la casse du coin.
C’était le Pérou jusqu’à ce qu’un gros bloc de granit traverse ma route sans crier gare !
La quille est remontée de 50 cm, puis en retombant à explosé la butée, les billes courant partout dans le carré. Pas beau à voir !
Heureusement, sachant le granit traitre dans la région, j’avais pris la précaution de relever le safran au trois quarts.

La solution définitive est une amélioration de la première, elle consiste à renforcer exagérément la taille de la butée.
Le plus gros que j’ai trouvé (et le moins cher), c’est un roulement de moyeu de tracteur, à rouleau conique.
J’ai ensuite modifié la cage (de l’oiseau) pour l’ajuster sur le puit de dérive.
L’ensemble est libre, ce qui fait que lorsque la quille remonte, puis redescend, rien ne casse, l’ensemble monte et redescend avec la vis, les patins de quille faisant office de frein.